• Pop et arabité

    Bonjour.

    Je vais parler d'un sujet que je ne maîtrise pas du tout et qui ne sera pas sourcé. Don't come for me.

    Hanane, Shnayi

    Avant de parler de cette vidéo ci-dessus, je vais parler de mon opinion sur la pop arabe.

    Alerte pavé.

    Quand j'étais petit, la musique pop arabe, je la voyais à la télé, sous forme de clip vidéo venant principalement du Moyen-Orient. Les chansons étaient principalement en dialecte égyptien et quelques fois en dialecte libanais. De temps en temps, il y avait aussi des productions d'Afrique du Nord mais c'était rare et pas souvent aussi bien fait.

    J'ai vu sur le petit écran des clips d'une période qui selon moi représente l'âge d'or de la pop du Moyen-Orient. Cet âge d'or, je le situe entre 1995 et 2008. Je parle d'un âge d'or parce que je suis peut-être déjà devenu un vieux con qui n'aime pas la pop contemporaine que le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord ont à offrir, à part quelques exceptions.

    Ce que je voyais quand j'étais petit, c'était des clips un peu bâclés, des mélodies pas très recherchées avec des sons de guitare méditerranéens, des chansons un peu plus traditionalisantes ou de la dance électronique répétitive. J'aimais ça. D'autant plus que c'était l'époque où c'était encore nouveau qu'une chanson ne dure que trois minutes et qu'il y ait besoin de tourner un mini-film pour le promouvoir. Je suis capable de dire qu'avant c'était plus sincère et moins superficiel, mais ce sont les mots de la nostalgie et c'est un peu malhonnête à dire. La pop d'aujourd'hui n'est pas très différente.

    Mais ça n'empêche pas que, ce que je vois aujourd'hui, j'aime pas. Les instrus et les voix m’ennuient, mais ce qui me déplaît le plus, ce sont les clips.

    J'écoute beaucoup de pop et je pense que le clip-vidéo est très important. En même temps, je n'aime pas les clips qui sont réalisés juste parce qu'il fallait en réaliser un. Ce genre de chose, je pense que je le remarque vite.

    Ce que je vois aujourd'hui en matière de clip, c'est de la très bonne production, un très bon travail niveau lumières, couleurs, habits, maquillage, paysages, etc. Dans la forme, c'est hyper léché, rien à dire. Mais le fond n'est pas toujours à mon goût. C'est souvent la même chose, une même représentation de l'amour, des chorégraphies dans un hangar, des voyages en voiture, etc.

    Ça se fait de plus en plus parce qu'aujourd'hui c'est sur YouTube que l'on écoute de la musique pop, vu qu'à peu près tout le monde a un smartphone avec une connexion internet. Si l'on veut faire succès dans la pop, c'est plus difficile sans clip.

    La vidéo qui est dans cet article, plus haut, illustre un peu ça. Je ne l'aime pas vraiment. Mais c'est de la chanson que je veux parler, pas le clip. La chanson, elle est cool.

    Mais, d'abord, voici un autre pavé sur l'industrie audiovisuelle arabe.

    Depuis très longtemps (et aujourd'hui encore), c'est l’Égypte (et le Liban aussi) qui influence le plus la culture audiovisuelle arabe. Le dialecte égyptien est relativement bien compris hors de l’Égypte. Pour faire carrière dans la chanson arabe, il faut viser l’Égypte et chanter en dialecte égyptien. Ce qui se fait en Égypte peut ensuite faire tabac dans les autres pays arabes. Beaucoup d'artistes vont donc s'y installer pour tenter leur chance, dont beaucoup de Marocain·es.

    Cependant, je pense que la décennie 2020 va être celle où les Égyptien·es vont commencer à comprendre le dialecte marocain, parce que pour l'instant ils n'y comprennent rien, comme si c'était une langue étrangère.

    Ce changement s'illustre par le fait que beaucoup d'artistes marocain·e·s ayant déjà du succès au Moyen-Orient se sont mis à chanter en dialecte marocain. L'exemple le plus évident est Saad Lamjarred, artiste à succès phénoménal, que je n'apprécie pas à cause de ses affaires d'agressions sexuelles.

    Ce qui change aussi, c'est que beaucoup de chanteur·euses marocain·es d'aujourd'hui n'ont plus vraiment envie de conquérir le Moyen-Orient. Je constate que beaucoup plus d'effort est mis dans les chansons en dialecte marocain pour le public marocain et, mine de rien, ça s'exporte. Parce que la musique n'est plus à la télé mais sur YouTube.

    Pour avoir écouté plusieurs chansons de chanteuses marocaines, il est clair qu'il y a une très grosse différence entre ce que Sofia Al Marikh, Leila Ghofrane ou Asmaa Lamnawar faisaient il y a dix ans et ce qu'Ibtissam Tiskat, Salma Rachid ou Hanane El Khader font aujourd'hui.

    Maintenant on va parler de la chanson qui j'ai intégrée à cet article.

    La chanteuse, Hanane El Khader, est une chanteuse marocaine qui a commencé sa carrière à la Star Academy du monde arabe, télé-crochet enregistré au Liban. Les télé-crochets du Moyen-Orient ont lancé la carrière de plein d'autres chanteur·euses marocain·es, comme Dounia Batma, Houda Saad, Mohammed Rifi, etc.

    Ce clip, je l'ai trouvé sur YouTube. Je vais être méchant, je m'attendais à de la soupe fade. Mais finalement, agréable surprise, Shnayi, c'est une chanson avec une instru acceptable, un clip OK (Hanane sucks in acting) qui n'a pas de scénario merdique et surtout des paroles dans une langue que je ne connais pas du tout.

    Cette langue-là que je ne parle pas, c'est une des différentes langues parlées au Maroc : le tarifit. C'est comme ça que j'apprends que Hanane El Khader est rifaine ! Et elle a réussi à obtenir 4 millions de vues avec une chanson dont la moitié des paroles est en tarifit !

    Je ne connais aucun·e autre artiste pop amazigh. Oui, il y a Hindi Zahra et Oum, qui ont du succès, mais elles ne font pas vraiment de la pop.

    La langue et la culture amazigh sont négligées et invisibilisées au Maroc, donc j'ai été très agréablement étonné et surpris de ce succès pareil que je vois pour la première fois et je trouve que c'est un pas dans la bonne direction.

    Cette chanson a aussi agité le fouillis que j'ai dans ma tête, toutes mes associations d'idées et d'opinions que j'ai sur l'arabité des Marocain·es et de mon arabité à moi. Oui je me remets à parler de moi. Mon arabité, je l'ai remise en question.

    Suis-je arabe ? Pendant très longtemps, pour moi, la réponse était oui, parce que mes parents viennent de Fès et que Fès est une ville de culture arabophone avec un très fort héritage andalou. J'ai aussi très probablement des ancêtres juif·ves, ottoman·es et algérien·nes. Mais ce que l'on a tendance à oublier, c'est que, dans l'histoire du Maroc et de l'Andalousie, il y a aussi des Amazigh, dont beaucoup arabisé·es. Ça ne m'étonnerait pas de trouver des ancêtres amazigh dans mon arbre généalogique, le contraire serait très improbable et surprenant.

    J'ai commencé à douter longtemps après m'être souvenu de mes conversations avec des Égyptien·nes. Souvent, c'est la même question qui revient : « Êtes-vous vraiment arabes ? Quand on vous entend parler, on dirait pas de l'arabe, c'est une autre langue ! » Mine de rien, j'ai dû prouver et justifier mon arabité et celle du Maroc. Puis j'ai discuté avec ma grande-tante qui m'a dit qu'elle était marocaine, pas arabe, que nous sommes des amazigh arabisé·es, que le seul fait de parler arabe ne fait pas de nous des Arabes.

    Alors je doute de mon arabité. J'ai l'impression qu'il y a autant d'arguments qui le soutiennent que d'arguments qui le contestent.

    Donc pour faire court et pour ne pas me tromper, je dis que je suis maghrébin. Ça au moins c'est sûr.

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